Prendre plaisir à prendre la parole

Comment créer la confiance à l’oral dans toutes les disciplines?

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Je suis professeur de langue. Travailler avec et autour de l’expression orale fait partie intégrante de mon environnement habituel depuis toujours. Désormais la qualité de l’expression orale et la capacité à prendre la parole en public sont reconnues comme des incontournables de l’enseignement et de l’évaluation dans toutes les disciplines scolaires. Ainsi, tous les enseignants se trouvent face aux défis de l’oral que les élèves doivent relever pour transmettre leurs connaissances et bâtir leur argumentation.

Ce serait tellement plus facile à faire si les élèves étaient spontanément capables de prendre 20 minutes pour mettre au point leurs idées pour réaliser, disons, une présentation orale de 5 minutes qui répondrait à une problématique donnée, suivie d’une phase de questions-réponses avec son auditoire. En réalité, nous découvrons que dans nos classes les élèves sont diversement équipés pour ce genre d’exercice : certains sont capables de parler de manière fluide à partir d’une simple prise de notes de manière informative, originale et divertissante; d’autres prennent la parole en oralisant une préparation écrite de façon un peu mécanique, sans pouvoir entrer en contact visuel avec l’auditoire; d’autres encore démarrent bien avant de se figer, impressionnés d’un coup par la situation, et n’arrivent pas à se relancer malgré les questions qui leur sont posées afin de les soutenir dans cette épreuve.

Que nous disent-ils à propos de ce genre d’expérience?

Peur de parler en public

Étonnamment, ces mêmes personnes qui ont tant de mal à s’exprimer lorsqu’elles focalisent l’écoute d’un auditoire sont souvent bien plus bavardes au sujet des difficultés qu’elles subissent. Voici quelques propos récoltés chez des élèves de 15-18 ans :

« Je n’aime pas le son de ma voix. »

« J’ai peur de prendre la parole en public. »

« Je stresse quand je parle devant un auditoire. Tout le monde me regarde. »

« J’ai l’impression qu’on attend quelque chose de moi que je suis incapable de donner. »

« Je sais que je suis censé parler à partir de notes et sans lire en continu, mais on ne m’a jamais expliquer comme le faire. »

« J’ai une grande admiration pour les personnes qui savent prendre la parole en public. J’en suis à des années-lumière. »

Ces remarques évoquent des thématiques liées à l’oralité telles que la confrontation avec sa propre voix, l’angoisse créée par l’anticipation d’une épreuve à l’oral, les attentes d’un auditoire, l’organisation d’un contenu, la gestion de la performance. Elles constituent aussi l’expression claire d’un désir général de s’améliorer. Tout un programme! Heureusement, parmi les fonctions essentielles de l’éducation figurent la capacité à provoquer le changement et à favoriser le développement des élèves. Par où commencer?

Comment trouver les activités qui aideront ceux qui n’arrivent pas à prendre la parole en public sans difficulté à prendre confiance, tout en aidant ceux qui parlent avec une certaine aisance à s’améliorer? Quelqu’un va bien finir par nous livrer la solution clés en mains pour travailler l’expression orale dans nos classes avec leurs caractéristiques spécifiques. Non? Nous risquons d’attendre longtemps, comme si nous attendions Godot. Agissons plutôt par nous-mêmes.

Nos élèves nous montrent le chemin

Nos élèves sont les mieux placés pour nous montrer le chemin à suivre. Ils nous indiquent sans cesse la direction à prendre pour les faire progresser, et leur manière de formuler leurs propres difficultés et les défis qu’ils doivent relever est une source d’inspiration inépuisable.

Pendant longtemps, quand on me disait : « Je n’aime pas le son de ma voix », je répondais avec des paroles telles que : « Oui, ça peut poser problème par moments. Il faut essayer de ne pas trop y penser, se focaliser sur le contenu. Tout se passera bien. » Puis, un jour, j’ai dit : « Comment tu pourrais faire pour apprendre à accepter le son de ta voix? » Formulée ainsi, nous disposions d’une question méthodologique, une vraie problématique, à laquelle nous pouvions chercher à répondre.

De la même façon, j’ai modifié ma manière de répondre à l’élève qui m’a expliqué : « Prendre la parole en public me fait peur. » Au lieu de me contenter simplement de propos rassurants, j’ai rajouté : « Qu’est-ce qu’il se passe en nous au moment d’anticiper une difficulté à relever? » Une nouvelle piste de recherche s’est ouverte à moi.

Partir des propos d’élèves pour créer des options pédagogiques pour la classe

Dans les mois à venir, une série intitulée Prendre plaisir à prendre le parole va indiquer des propositions d’activités pour la classe qui partent de propos d’élèves sur leurs difficultés en prise de parole devant un auditoire, pour aller vers des options de travail en classe. Cliquez ICI pour accéder aux articles.

Au-delà des approches que nous allons identifier pour travailler l’expression orale en classe, cette démarche va nous engager dans un processus qui sera la source d’autonomie pédagogique pour l’enseignant qui part d’une remarque d’élève et s’en sert pour identifier une nouvelle option de travail. Ainsi, il enrichit sa façon d’enseigner.