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Lorsque je reviens dans un lieu où je ne suis pas allé depuis un certain temps, il y a un récit qui se déclenche, porté par une voix intérieure. Ce récit se construit au fur et à mesure que je m’approche de ma destination.

La voix intérieure ne parle pas comme une voix ordinaire, car j’en suis le seul auditeur. Parfois, il s’agit simplement d’un filet de voix qui identifie les images, les sons, les odeurs, les textures émergeant des alentours. Ce qui n’était qu’une sorte de carte, d’un coup, s’anime et prend vie.

Cette récolte d’impressions prend du temps. Généralement, je remarque que ma main tient un stylo ou un crayon qui noircit le papier quand l’écriture est déjà en marche.

Le fait de noter par écrit favorise le processus d’harmonisation avec le lieu retrouvé. Le résultat est une sorte de liste, les ingrédients du story-board d’un film amateur. Quelque chose d’intime et d’artisanal, mais pas complètement privé, car son contenu est également perceptible aux autres. Parler de contenu ici est peut-être exagéré. Le terme fragments serait plus approprié. Tous les fragments sont conservés, certains sont retravaillés jusqu’à ce qu’ils soient prêts à partager.

Voici un exemple. Ce pourrait bien être le début d’un album.

Tout est encore là –

Les lieux, les noms de lieux,
Le bourdonnement de la langue,
La couleur des rires.

Clôtures et champs défilent,
Des territoires de l’irréel,
Avec une simple vitre comme frontière.

Des coureurs courbés font du sur place
A notre passage, et mon corps est bercé
Par le tic-tac des rails.

A l’arrivée les lumières des grues de Battersea
Clignotent au crépuscule.
La carte s’anime et prend vie.

Train Pour Londres Au Crépuscule
Photo – Nathan Waters

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